J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète, Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent… Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ? À quand, et avec qui , le prochain ? On verra... On lira ... | Marie-Thérèse PEYRIN - Janvier 2015

VASES COMMUNICANTS

ETATS DES YEUX | HIVER | 30 Janvier 2021, L'écriture c'est le corps... Le corps c'est la voix...

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ  aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais  j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... 

Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux...

L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement. Aujourd'hui, j'ai envie de donner en exemple les écritures de femmes qui m'ont été signalées par cet enregistrement audio en provenance des réseaux sociaux d'internet. Je vous laisse écouter et faire votre propre voyage intérieur en les écoutant...  La voix écrit aussi...

 

 

 

******

Muse...Fantasme... En poésie comme ailleurs les femmes ont longtemps été dépossédées de leurs images, de leurs corps et de son expression.

Dans ce documentaire polyphonique, sept poétesses d'aujourd'hui évoquent la place du corps dans leurs œuvres.

DIRE NOS CORPS voix de poétesses contemporaines

Avec

Guillonne Balaguer

Brigitte Baumié

Béatrice Brérot

Lili Frikh

Souad Labbize

Anna Serra

Fabienne Swiatly

 

Réalisé par Maïté Haddad & Maud Leroy,
Auprès de RadiOlive et Mehdi Ahoudig,
Dans le cadre de la résidence radio Si Loin Si proche


www.radiola.media/siloinsiproche

 

POUSSIN

Nicolas POUSSIN (1594-1665)  - Les Bergers d'Arcadie (première version, Chatsworth House (Derbyshire


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


ETAT DES YEUX | Janvier 2022 | "CE GESTE D'ENCADRER LA VIE" comme le fait cette jeune femme

 

Pour  Gracia BEJJANI

à la terre Libanaise... écartelée

 

On se retrouve un jour d'hiver, accroupi.e.s et côte à côte,en appui contre un mur, pour filmer ce qui reste, ou ce qui est représentatif d'une idée ancienne sur la joie de vivre et sur les raisons de continuer.  On fait l'inventaire fou de ce qui reste à voir et à penser puis, on s'en va plus loin avec un poids de moins, juste un petit caillou un peu plus discret dans sa chaussure. On l'a relégué dans un angle mort en gigotant avec l'orteil connecté. On reprend peu à peu ses marques : on écrit ce qu'on a à écrire et on crée ce qu'on a à créer. On sourit et on rencontre la vie qui répare ses roues usées, brocante sans charme.

 

  


ETAT DES YEUX | Printemps 2020 | Ravalements...Rétroviralement... Révélation... Réveil ?

 

LA SPHERE

 

La possession de cette sphère de bois fut un grand

bonheur dans la vie de Bertrand. Il la plaça sur une colonne

et la faisait pivoter. Mais il souffrit bientôt de n'en voir 

qu'une face. Il couvrit le mur d'un miroir et put ainsi 

contempler la boule tout entière . C'est alors qu'il comprit la

grande douleur de n'en point voir l'intérieur.

 

NORGE | LE SAC A MALICES

 


20200329_141845 (2)

20171019_192152

CJ PAR Winfried VEIT 001

Charles Juliet par Winfried Veit  2019

 

Ce qui est surprenant et instructif dans la vie, c'est qu'on ne sait jamais comment elle va tourner, et autour de quoi. 

J'avais un peu abandonné cet espace d'écriture, l'avait remplacé provisoirement par autre chose, d'autres chantiers.

J'hésite toujours entre poésie et prose, idéalement, j' aimerais allier les deux comme des morceaux de mosaïque, à la manière de Ferdinand Léger ou de Marc Chagall, et même savoir aller parfois (pas trop souvent) jusqu'à la réflexion argumentée d'essai, comme Pascal Quignard ou Patrick Laupin qui s'appuient sans se rassurer eux-mêmes sur les trésors de la langue et de ses origines...  Le premier Musicien, le second Mallarméen, les deux recéleurs de larmes qui ne sont pas que les leurs...  J'aime cette transcapillarité des destins humains... de la douleur  et de la solitude  en pleine conscience...

Mais voici que les circonstances, l'avènement du  redoutable COVID 2020 qui séquestre tout le monde ou pas loin parmi mes contemporain.e.s me ramène à cette cabane de mots saisonniers.  Je n'ai pas tellement envie de commenter ce qui se passe à l'extérieur de cet espace virtuel, mais je prends souci du lien humain que l'écriture peut apporter en réfléchissant sur ses excès et ses carences. Je n'ai jamais eu peur d'exprimer ce que je pensais dans la vie courante, et  j'aimerais que tout le monde puisse en faire autant. Je sais que c'est difficile et que le silence intelligent fait partie des capacités à développer en temps sociaux troublés, en raison objective de l'angoisse générée par la Pandémie actuelle...

Nous sommes en grande majoriré confiné.e.s chez nous ou chez d'autres, néanmoins certain.e.s sont contraints de sortir pour soigner, nourrir, maintenir un minimum de services publics au péril de leur propre santé. Il y a des phénomènes  de solidarité spontanées ou suscitées par les médias et le réseaux sociaux numérisés... Les capacités d'adaptation à l'urgence sanitaire fait couler beaucoup d'encre, de salive et chacun.e y va de ses recommandations, ses astuces, ses mises en garde, ses blagues plus ou moins douteuses, sa stratégie de résilience... La vie ne se laisse pas museler et c'est un réconfort de le savoir... En dessous du volcan d'angoisse et ses projections menaçantes, il y a la réflexion éthique, politique et bien sûr l'idée que l'aventure collective  et l'expérience liées à la catastrophe en cours aura des leçons à donner, et  exhumera une nouvelle façon  de considérer les héritages de la consommation sans discernement, d'une mondialisation qui propage les maladies et les injustices, les rend encore plus criantes...  Plus que jamais, les méthodes et les moyens montrent leurs limites, leurs erreurs , leurs aveuglements, leurs impuissances déniées par les décideurs du moment...  C'est le moment de se poser les questions essentielles et de les soumettre au tri et au recyclage énergique...

A l'échelle individuelle, dirait KRISHNAMURTI , dont me parle Charles JULIET tous ces jours, tout est possible !  Le tout, le rien !  Et il sourit... Moi aussi... toujours un peu rivée à cette histoire de ...

COURAGE DES ESCARGOTS !

 

 

 


Mais tout pleine face par Michel BROSSEAU | Vase communiqué N° 1| Vendredi 1er Mars 2013 |

 


VASES COMMUNICANTS illustrés avec Tableau acheté à Hervé VERNHES en 2011
                                                                                    Hervé Vernhes 2011 [ collection privée]

 

Le silence et la beauté consolent un moment de tout ce qui grouille et se délite autour. (extrait d’un message envoyé par Marie-Thérèse Peyrin pendant la préparation de ce vase)


En fait j’aurais préféré le silence. La beauté je sais pas trop. J’ai jamais su. Ce qui à partir de ce qu‘on convient d’appeler ainsi emmène oui. Ce qui fait qu’on sent l’instable des deux pieds sur terre et la tête sur les épaules. L’écho au vacillement. Aux matins sans odeur ni promesses. Pas même lumière. Écho et de quoi constituer. Pas donner prise. Mais matière révélée offerte. Matière à modeler à son tour. Donner forme. Alors silence plutôt. Silence et qu’y naisse le chant. Conçu avant en fait. Qu’il advienne et cherche sa fin. La trouve. S’y pose. Mots et notes – des sons, rien que des sons, matière unique – qu’ils trouvent leur résolution. Leur souvenir seulement et plus rien que le silence. Qu’un nouveau chant démarre s’il le peut. Remâche la mémoire du précédent. Quant à ce qui grouille : j’ai trouvé fenêtre pour mon retrait. Délite ? Jeux d’ombres des formes anciennes. Tellement vains ces châteaux de cartes. Tout au-dedans. Mais tout pleine face. Pas de côté trop compacte leur force. Pas gagné au-dedans. Pas de côté à l’entour. Ronge en dedans. Plus de danse où t’étourdir. Protège ton crâne. Le dépeupleur n’est jamais loin. Alors, ad lib : pas de côté | pas gagné | pas de côté | pas gagné | pas de côté | pas gagné | pas de côté | pas gagné

Michel BROSSEAU

 

Fiction cathare ou cathartique ( a minima mais je peux m’ en amuser aussi)

Dès lors, vous lisant, Michel Brosseau, et prélevant vos jeux d’ombres des formes anciennes, j‘ai pensé immédiatement à la chanson faussement enfantine : Mon beau château !

Pas de château en cartes à jouer, mais bâtisse à meurtrières, farcie de fissures à la fois défensives et offensives, biffures protégées dans l’épaisseur d’un épais mur médiéval. En me souvenant abruptement d’une explication donnée à la cantonade, dans les hauteurs de la forteresse de Najac par un guide fatigué, j’ai très vite embrayé sur la fin des haricots. Sans doute une rengaine explicative de ce vieil harangueur tombé en faction, apparemment sans plaisir, devant une excavation dépourvue de couvercle, je l’ai vue entourée d’un gazon qui n’était pas d’époque. Crédulité touristique cependant, bien desservie par la suspension très provisoire de nos obligations professionnelles. Promenades au grand air, et décompte harcelant de nos congés d’été. Et bientôt pour moi, hallucinations persévérantes, grouillement très visuel de charrettes grinçantes et poussives, claquements de fouets, brassées de jurons harassés. Ici, jadis on colportait, on pourfendait, on châtiait. Tout ce qui me fait horreur définitivement. Avec des échauffourées, des embuscades en pagaille, on refoulait toute horde d’assaillants en mobilisant des armures cruelles, on écrasait, on humiliait, on pratiquait l’impôt du sang. On dominait toute une valetaille repeinte à la manière de Jérôme Bosch. Les uns, les autres et les suivants, étaient passés au fil du hachoir, du hâtoir, peut-être en alternance… La vie était si courte, qu’il fallait la pendre haut, et l’exhiber vaincue, bien en-dessous du rêve d’immortalité. On ne passait pas non plus sans le savoir et sans bruit cette fameuse arme à gauche. On remontait en tremblant les escaliers étroits et tournants des tourelles. Colimaçons pour droitiers avisés. Ceux d’en haut étaient avantagés… Architectures abruptes et fonctionnelles pour lilliputiens belliqueux. Les femmes étaient des urnes à fantassins, elles mouraient comme des mouches, le plus souvent en couches. On les engrossait le plus tôt possible et mécaniquement après les relevailles, sans ménagement jamais, entre deux batailles. Vie d’insectes nerveux et vite orphelins, personnages de cour des miracles dans le promenoir des superstitions et des religions à martyrs. Et à l’heure de leurs morts… Ainsi-le fallait-il … On allumait de grands  candélabres… On chantait jusqu’au sommeil, quelques hymnes nauséeux à goût giclées d’encens.

Les dépeupleurs sont morts depuis longtemps croit-on, mais les parois granitiques des vieux cachots en conservent les gangues à grise mine. Avec leurs parois mouchetées de vieux lichens, les mortifères oubliettes restent insalubres et pourtant… visitables, bêtement innocentées par les rayons du soleil. Figées dans les mémoires comme des sosies de Musée Grévin ces odieuses concrétions amnésiques témoignent encore à charge. La bâtisse suinte ad libitum, le drame incompris de toutes les vies écourtées, elle pue l’historicité édulcorée par des étiquettes imprimées au pyrograveur sur du bois trop neuf. Ostentation d’un phénoménal effacement patrimonial, celui des cris, des dominations et des exactions par ferrailles interposées. « Nos malheurs ne durent pas longtemps dans la mémoire des autres » disait un jour autrement, le poète espagnol Claude Esteban. Lui était grand lecteur du Roi Lear et de ses pensées dures…

L’amour comme la beauté sont de comparution récente… Je ne suis pas étonnée qu’on puisse douter de leur existence. Les murailles n’ont jamais eu d’oreille. Il faut invariablement des grappins, des tuyaux, des cordes et des ficelles pour relier les prisonniers vivants, y compris à l’heure d’internet des tablettes graphiques et des portables. Le secret des pyramides n’est peut-être que le refus de mourir qui s’inflige à autrui pour voir comment ça peut se vouloir… un état pareil… un tel scandale personnel. L’image de la mort de l’autre est aussi fascinante que celle de la naissance ou du coït. Il s’agit toujours d’un épisode lié à un sentiment aigu de captivité transitoire et la recherche de ruses pour en sortir. Toutes trois sont si troublantes qu’on passe beaucoup d’énergie à les provoquer ou à les mettre à distance. Chacun, chacune d’entre nous possède sa panoplie d’endurance et de jouissance secrètes. Recherche d’issue, faute d’avoir su, à chaque fois, anticiper la condition circonstancielle d’otage. Qui se voit volontiers longtemps hôte obligé de la beauté, de la passion amoureuse, du ventre parental ou d’une sentence mortelle? Et quand tout ça se mélange indiciblement, et parvient à nous sidérer durablement, implose-t-on davantage dans l’écrit ? Nous connaissons tous la lassitude, et l’horreur de ces cliquetis prémonitoires d’épées, de forceps ou d’arbalètes à ombres portées par Cupidon dont on dit qu’il s’en fout… C’est du tout surjoué d’avance. On abandonne régulièrement à la rouille et à la dérision les reliques officielles de ces combats dégrisésPost coïtum ou partum animaux tristes…

Mais il y aura toujours des silencieux et des discrets pour relever les cadavres, des doux motivés pour caresser et réparer les jeunes ou vieilles peaux endolories, des rempailleurs dévoués pour embaumer la laideur résiduelle dans l’envers des décors.

Ce seront toujours pour moi les orpailleurs du silence que sont les poètes. La terreur redevenue invisible, mais intacte, restera encore dans la place laissée vacante pour toutes sortes de légendes, de commentaires tendancieux, complaisants et inexacts. La beauté des regards aura péri en premier dans ces zestes immatériels de lumière, elle aura déguerpi dans les intermittences démentielles du désastre immémorial, elle aura contourné le constat du chaos orchestré, celui qu’on reproduit fidèlement en calmes plaines ou dans l’espace aérien au-dessus des déserts pétroliers. Le dépeupleur intérieur, on le sait, n’est jamais fatigué. C’est un coucou d’horloge qui aiguise son bec à chaque génération d’émigrants involontaires ou d’amoureux mal inspirés. La violence des mouvements est la même, l’amertume de la fin des illusions aussi. Trouver une place au soleil et qui ne soit pas la plus vulnérable ou désagréable, voilà la grande affaire… Version système D : - « Tu te débrouilles ou tu dérouilles ! ». Pas de côté | Hors des visées des meurtrières|C’est pas gagné, Michel !| Beauté fatale, disait mon frère lorsqu’il était adolescent | même prénom|… vaguement enchanté, enivré peut-être, par sa rime craintive sur le pouvoir d’ icelles. -« Beauté fatale, quand je te vois, moi, je cavale… » … Et je le regardais sans comprendre. Il n’avait pas de cheval, ni de Dulcinée à sauver, il n’avait pas lu Cervantès, il n’avait encore rien vu… rien vécu… J’espérais pourtant qu’il tombe bien (Ne lui voulant précisément, comme à vous, que du bien, me sentant presque sa jumelle à onze mois d’écart…), je souhaitais qu’il devienne pour quelqu’un un amoureux sans peur, sans en mourir… ni d’ennui, ni de dévotion, ni de déception. Aujourd’hui j’en rigole ou je m’inquiète à distance pour lui … De l’eau claire et de la boue ont coulé sous tous les fronts.

- Non ! Michel, les cochons d’Inde non plus, n’ont pas d’ailes, ils ne planent pas longtemps lorsqu’on les laisse tomber du balcon… On peut bien sûr les remettre dans leur cage, les nourrir, nettoyer leurs déjections, même si, j’en conviens, ils tournent un peu en rond… La beauté tourne en ronds, de toute façon. Elle aussi est encore trop souvent vénale. Est-ce pour cette raison qu’on s’en méfie ? En prise directe sur la petite histoire locale, sa culturelle et hormonale condition, la prévenance entre humains est une âpre conquête de justesse. La déréliction semble un effet d’élection puis de piétinement progressif ou brutal. La fin des haricots, c’est aussi l’arrêt de la lutte, faute de combustible pour la vitalité des corps et des esprits. L’arrêt du chant se profile alors. Le silence pourra faire ses avances à mains nues. Il sera bien perçu.

Vos silences, Michel, votre étonnement sera pareil au mien peut-être. Je vous imagine, mais sans image à ma portée, je vous vois vous, lisant ce texte, le comparant au vôtre, cherchant le script de la prochaine danse à crâne découvert. Je guette votre réaction. J’ai écrit sans m’arrêter pendant plus de deux heures, avec des coupures que je vais qualifier de naturelles. Je suis remontée et redescendue sans relâche dans le texte pour le rétamer, le recadrer, le rendre audible et partageable. J’ai été dans un mouvement de déversement narratif intempestif que le principe actif des vases a favorisé. J’ignore la teneur et la profondeur exacte du geyser que je vous donne à voir. C’est la première fois que je tente en public une écriture qui creuse ainsi le sol en stéréo. C’est presque une promesse de petit délire interactif à mémoire de formes. Le son des mots, leurs sens multiples, m’ont autant guidée que les thèmes (familiers) que je favorise à chaque fois que j’écris une phrase au-dessous de l’autre par accointances raisonnées et ce que l’on appelle aussi préoccupations. Je te tutoie pour finir, parce que je tutoie toujours au bout d’un temps plus court, mais sans constance, ceux qui s’essaient à causer avec générositéavec d’autres. Pleine place |en face | à face|. On aura repeuplé ? Je l’ignore … Mais je termine avec une citation de Bernard Noël, à qui je pense particulièrement en ce moment. Son écriture m’accompagne souvent.

« Vous essayez de casser les mots avec des mots, et rien à faire : ils ont entre eux des pouvoirs de passe-murailles ; ils ne se cognent pas, ils se traversent […] » Bernard Noël – Les premiers mots -2003

Marie.Thérèse PEYRIN